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Comment le Blackberry Passeport pourrait devenir un cas d’école

Après les modèles Z10 et Q10 sortis il y a deux ans, Blackberry semble cette fois parvenir à la fin d’un cycle amorcé avec son nouveau système d’exploitation, Blackberry 10. En fin 2014, le porte-étendard de la firme déserté par ses clients les plus fidèle s’affiche comme le dernier espoir d’un acteur majeur du monde du téléphone professionnel.

Peut-être en avez vous entendu parlé il y a quelques mois, Blackberry avait annoncé deux modèles dont l’un se séparait du sacro-sain clavier AZERTY mécanique. Cependant, compte tenu des résultats maussades et des résultats financiers irrégulièrement dans le rouge de l’entreprise, il est revenu en fin d’an dernier, mais avec quelques nouveautés intéressantes.

 

Blackberry-Passport-vs-iPhone-vs-Samsung

 

Le design en smartphone m’a toujours touché pour sa capacité à innover malgré les contraintes d’ergonomie et de nécessité de facilitation de l’usage. De nos jours, il existe assez peu de modèles de téléphones spécialisés pour une profession ; seuls certains malins proposent des coques adaptés aux usages spécifiques sur les chantiers ou militaires par exemple.

Cette tendance de banalisation coïncide avec la perte de vitesse de Blackberry entre 2010 et 2011 (sortie de l’iPhone 4 puis 4S). Et j’ai pu voir, à ma grande surprise, de nombreux professionnels quitter leur blackberry pour un iPhone bien moins adapté à leur usage professionnel (mauvaise batterie, clavier tactile, écran étroit, mauvais support de la suite Office..). Les raisons sont multiples, j’aborde le sujet dans un précédent dossier. Mais l’une d’elle va nous intéresser plus particulièrement.

 

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Apple, Samsung, les téléphones « haut de gamme » sont connus, réputés, ils sont devenus au fur et à mesure des années un véritable signe d’appartenance à un milieu social, tel qu’on porte un polo Lacoste ou un sac à main de créateur. Le client s’est laissé séduire par un phénomène de reconnaissance de ses paires, allant jusqu’à oublier ce pour quoi il possédait un téléphone dédié aux professionnels. En frontal avec un concurrent qui vole les clients par paquet grâce à son aura de marque, comment réagir ?

La stratégie de Blackberry deviendra peut-être un cas d’école dans les années à venir.

 

Aller vers une plus grande spécialisation

En tant que marque de téléphone pour les professionnels, Blackberry aurait pu, comme l’an dernier et l’année précédence, créer un pont, un hybride entre lui et ses concurrents. Ici il n’est plus question de « pro mais fun ». Le Blackberry Passeport est un téléphone qui assume à 100% son utilisation professionnelle.

Le design du téléphone a été inventé à partir de zéro. L’écran est carré, une première pour un smartphone international (même si les chinois ont toutes sortes de trucs). Le choix est très bon, puisqu’il permet d’afficher de manière convainquante des tableaux Excel et son agenda sur une seule page, là où ses concurrents sont trop fins pour être pratiques. le clavier AZERTY mécanique fait son grand retour, mais ce dernier possède cette fois une innovation très intéressante.

 

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La science de piquer les vraies bonnes idées

Blackberry, piquer les idées pour être dans la tendance, il connait. Le Torch et le Q10 faisaient déjà l’amorce de l’interface tactile, et bien que cette technologie soit dans l’air du temps (tendance à court et long terme), tout le monde s’accordait à dire qu’elle n’était pas encore maîtrisée, avec une interface à mi chemin entre le moche et l’inutilisable. Et c’était bien la seule innovation.
Cette fois avec le Passeport, l’entreprise a mieux choisi son cheval de bataille, en choisissant ce coup-ci de travailler ses points forts au lieu de se focaliser sur ses faiblesses inhérentes aux anciennes générations. Et c’est là qu’intervient le changement majeur. Pour la première fois de son histoire, Blackberry n’est pas allé en concurrence frontale en essayant par tous les moyens de singer ses concurrents, mais s’est concentrée sur ses domaines d’expertise.

Ainsi, le clavier classique revient agrémenté de fonctions sensitives directement sur les boutons, et il vient se compléter sur l’écran, juste  au dessus. Pour accéder aux signes de ponctuation et aux chiffres, l’écran se divise pour laisser apparaître des touches complémentaires.

Alors oui, pour la photo et la vidéo, c’est pas le bon téléphone.

Pour tout le reste en revanche, c’est franchement une réussite. Blackberry se met enfin à écouter le marché et son public, et c’est avec une certaine tristesse qu’on se rend compte que ce qui est peut-être le meilleur téléphone pour un usage professionnel arrive 4 ans trop tard.

 

The end ?

Alors ça y est, nous y voilà, Blackberry c’est fini ? Après Nokia qui fut en son temps le « grand » de la période T9 et Motorola qui passe de main en main depuis deux ans, la marque à la mûre va-t-elle finir par moisir elle aussi ?  Face à ce naufrage économique, la passoire à client de Blackberry réagit donc avec ce qui pourrait être son dernier smartphone vendu de manière autonome.