Il y a quelques semaines, début Septembre, la planète high-tech et les médias s’étaient enflammé autour d’un concept réalisé par Dave Hakkens, un designer Néerlandais, PhoneBlocks. Voici la vidéo qui présente son idée :
En gros, il s’agit ici de repenser le hardware habituel des téléphones pour en faire quelque chose d’évolutif. Pour moi, le concept semblait légèrement idyllique bien qu’il résolvait trois problèmes en un :
- N’importe qui pouvait à loisir récupérer les éléments de hardware qu’il voulait, le téléphone deviendrait totalement personnalisable.
- Lorsqu’une pièce (l’écran ou la batterie par exemple) du téléphone se casserait, il serait possible de le changer sans jeter à la poubelle le reste du téléphone. C’est économiquement plus rentable pour les utilisateurs.
- Cette fonctionnalité permettait également une réduction de l‘obsolescence programmée (en tout cas, ça évite de racheter des pièces encore fonctionnelles) et réduit le nombre de téléphones jetés. Ce design est donc, dans un sens, éco-friendly.
Dans sa vidéo, Dave Hakkens proposait à tout le monde, le 29 octobre, de partager sur les réseaux sociaux le nom de son projet pour le faire connaître : #Phoneblocks !
Et bien tenez-vous bien, en ce matin du 28 Octobre, ce n’est rien de moins que Google, par l’intermédiaire de sa nouvelle filliale Motorola, qui propose en partenariat avec les créateurs du concept originel un téléphone qui reprend dans les grandes lignes ce concept de téléphone évolutif. Voici donc le projet Motorola Ara.
Meet Ara
Ara est d’après le blog de Motorola dans les tuyaux depuis à peu près un an, mais aurait connu un coup de boost suite à la vidéo de Dave Hakkens. La société et le designer auraient donc travaillé ensemble pour créer ce prototype simplifié et plus coloré de Phoneblocks. On voit dès les premiers instants que les possibilités techniques actuelles ont empêché la créatoin d’un véritable téléphone Lego. Il y a donc différents compartiments visibles, avec différentes tailles en fonction de leur utilisation. Celle en haut à gauche est réservée à la caméra, par exemple.
Et franchement c’est chouette. A vu d’oeil, il serait possible de changer de caméra pour quelque chose de plus performant, un petit écran inférieur qui vient s’additionner pour envoyer des puush par exemple, Motorola semble être emballé par le projet et lance des idées dans tous les sens.
Confrontation avec le marché réél
Cependant, ce qui semble être une petite bombe dans l’univers du smartphone pourrait probablement faire un énorme flop comme un gigantesque boum.
Flop probable
Les probabilités que les lobbys soutenus par Apple, Samsung et consorts veuillent tuer dans l’oeuf le projet de téléphone évolutif sont toutes sauf nulles.
En effet, étant donné le manque à gagner pour ces dernières si on prend on compte la potentialité que personne ne rachète de haut-parleur mais seulement de caméra et CPU tous les trois ans, les grosses boites du secteur ont intérêt à garder leur monopole et détruire toute innovation extérieure un peu trop inventive. Pour elles, ce n’est pas rentable.
Deplus, il est probable qu’à part les geeks de 15 à 25 ans, qui représentent une petite part dans le marché des smartphones actuellement (n’oubliez pas à qui s’adresse l’iPhone ou la Galaxy S4 maintenant), personne ne soit prêt à s’intéresser à un téléphone à monter soi-même.
La réussite d’Apple dans les téléphones réside en grande partie dans l’intuitivité de ses produits, et Ara semble prendre le contre-pied total des téléphones actuels en proposant à l’utilisateur de mettre littéralement les mains dans le cambouis.
Dans ce cas, Ara s’arrêtera avant d’être commercialisé, le projet détruit soit par des études de marché non concluantes, soit par des adversaires plus malins, soit les deux.
Réussite possible
De l’autre côté, il est possible qu’Ara soit un succès auprès d’une population qui souhaite faire moins de dépenses, une jeunesse de plus en plus bidouilleuse. Il va sans dire qu’un tel projet pose la question de la limite des connaissances d’un public avide de la simple dernière couleur à la mode et qui ne cherche que la différenciation avec ses paires. (« Moi j’ai le iPhone 5S, et toi tu as seulement le 4, haha ! »).
On pourrait donc se retrouver avec un public pas préparé à choisir lui-même quelle carte graphique, quel processeur, combien de Megapixel il va mettre dans son téléphone.
Cependant, avoir un téléphone avec un endosquelette (mot utilisé dans le blog de Motorola) qu’on a monté soi-même, à l’instar d’une toupie Beyblade ou d’un Bionicle, ça a tout de suite plus de gueule auprès de ses collèges, et cette envie (et mode ?) pourrait s’accompagner d’une connaissance accru du le hardware par le grand public.
Enfin, on peut aussi imaginer que le marché du téléphone évolutif se développe parallèlement à celui du téléphone « prêt à porter ». C’est une possibilité tout à fait envisageable.
Voilà. Pour ma part, j’imagine que tout se jouera au nombre de vente dans les six premiers mois de vie de l’écosystème du Ara. Je vous laisse la parole dans les commentaires en dessous de cet article.
Aewni
Edit 30/10/2013 :
Dave Hakkens explique à travers une nouvelle vidéo son partenariat avec Motorola, tout en précisant qu’il souhaite que Phoneblocks reste un projet indépendant qui doit suivre sa route sans se faire avaler par une grande multi-nationale. Il parle surtout d’échange d’expérience et d’auto-stimulation, mais sont but final restera de sortir le Phoneblocks dont il a toujours rêvé.
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