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Le tabouret Tam-Tam

En 1968, un designer se met en quête de réaliser un pouf simple dans sa conception et sa forme. Son but est de donner une impression de légèreté associée à un dynamisme de forme très marquant des années 70.

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Henry Massonnet, c’est son nom, est originaire de Oyonnax, dans l’Ain, en France. Il passe par le lycée Janson de Sailly et continue ses études à l’École Normale Supérieure à Paris. En 1948, il crée sa propre société de design d’ambiance, « Stamp » (une « marque », en français).

C’est avec cette dernière qu’il met en vente le tabouret Tam-Tam, qui va rencontrer un succès foudroyant et totalement inattendu.

Dans cet article, je vous propose de découvrir un objet témoin des années 70 mais  intemporel.

Le concept

Le concept du tabouret Tam-Tam est aussi simple qu’efficace : le tabouret est constitué de trois morceaux de plastiques qui s’assemblent pour former un assise confortable. À l’origine, l’objet était à destination des pêcheurs qui avait besoin d’un siège facile à transporter et à ranger. Il permet des combinaisons infinies entre différentes couleurs de plastiques, motifs, etc.

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Les cônes utilisés sont creux pour donner la forme dynamique de l’objet, et on peut ainsi ranger des choses à l’intérieur. Pour posséder moi-même un exemplaire du Tam-Tam, je ne pense pas que cette fonction doit vraiment être utilisée par les utilisateurs (on me dit dans l’oreillette que si, mais je reste perplexe). La grande force du tabouret est aussi sa légèreté. Dans ma chambre, ce tabouret change de place plusieurs fois par jours, et le remplir d’objet ne le rendrait que plus lourd et encombrant. Cependant ça semblait à l’époque un bon outil marketing et cette fonctionnalité semble donc être importante pour Henry Massonet, son créateur.

Fabrication

Le tour de force de cette méthode est la facilité de production. Il n’est en effet nécessaire de produire que deux pièces de plastiques, qui était le matériaux phare dans les années soixante-dix, ce qui alla de paire avec le choix des couleurs : flashy, fluo, en rouge, violet, orange, blanc.. Le plastique correspondait parfaitement aux critères de légèreté et de fabrication rapide et en série.

Seulement deux moules suffisent pour réaliser ce siège : le « plateau » et un « cône arrondi », que l’on double pour former cette forme de sablier. Le plastique est coulé à l’intérieur pour une production en série.

Le choix du matériaux a eu des conséquences sur la vente de l’objet : avec le choc pétrolier, le plastique manqua et on arrêta la production jusqu’à son retour dans les années 2000, où il ressortit aussi dans d’autres matériaux.

Déclinaisons

tamtamCe qui permet véritablement au Tam-Tam de passer à la postérité est sa faculté à se réinventer très facilement. Sa structure en 3 formes assemblables est modulable et on peut ainsi remplacer à loisir le « plateau » pour s’asseoir par une boule lumineuse, en cendrier ou une table, changeant par la même occasion l’utilisation et le rapport avec cet objet.

Alexis Tricoire a transformé quant à lui le Tam-Tam en chaise : il s’agit d’une feuille en polypropylène (polymère thermoplastique utilisé entre autre dans la construction automobile) enroulée autour des cônes.

Branex est allé plus loin encore en proposant un TamTam high-tech, un dock-enceinte iPhone qui garde sa fonction de tabouret. On peut s’y asseoir et lancer de la musique en posant un téléphone proche d’enceintes.

Le Tam-Tam n’est du coup pas resté uniquement en plastique. Des déclinaisons en aluminium ou en version chromé virent le jour en même temps que des imitations/inspirations du produit, tel que le tabouret Bubu de Philippe Starck.

Les raisons d’une intemporalité

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C’est Brigitte Bardot, vedette française de l’époque, qui déclencha le succès du petit tabouret. En prenant une photo assise dessus, elle montre que le tabouret peut s’installer dans toutes les maisons des années soixante-dix. Mais Brigitte Bardot ne fait que lancer le tabouret à son début.

Le Tam-Tam est d’une simplicité absolument fantastique, ce qui lui permet de toujours se renouveler : en 2002, Branex Design récupère le Tam-Tam et sort une nouvelle collection de tabouret avec de nouveaux motifs, textures, dans des teintes plus actuelles ou des effets chromés très contemporains.

Il est intéressant de remarquer la manière dont le tabouret s’est réimposé trente ans après son lancement. La politique de Branex n’a pas été de simplement ressortir le Tam-Tam, mais de le remettre au goût du jour sans pour autant le dénaturer. L’âme du tabouret « glossy » n’a pas changée malgré la différence d’époque.

Pour ma part, j’ai beaucoup apprécié la manière dont l’entreprise a réussi à toucher un public jeune dont les critères de style de base ne collaient pas forcément avec l’esthétique du Tam-Tam.

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Conclusion

Le Tabouret Tam-Tam brille par sa simplicité et son ingéniosité à tous les niveaux : facile à fabriquer, à construire et à personnaliser, il est à la fois représentatif d’une période du design (le glossy et le disco des années 70) et un objet intemporel qui envoie un message de souplesse et de dynamisme. Sa forme tout en courbe renforce sa stabilité et l’impression d’un objet qui peut se ranger dans un coin de pièce, qui prend peu de place.

Au delà de l’objet initial, le Tam-Tam est devenu une base modulaire pour réaliser de nouveaux objets. Sa forme en diabolo est utilisée par nombre de créatifs et créateurs qui prennent le tabouret comme base pour en faire un nouveau objet (chaises, table, cendrier, etc). C’est ce dernier point qui a retenu mon attention et qui me fait dire que cet objet tient véritablement du génie.

Aewni

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